Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/181

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Une mère est trop exigeante qui rêve de garder toujours son fils auprès d’elle. Mais elle était surtout coupable des derniers événements : afin d’arriver à son but, c’est-à-dire l’arracher à sa vocation ecclésiastique, elle avait toléré tout ce manège d’Ursula. Pour être franche, elle l’avait presque désiré et provoqué. Sinon, elle ne l’eût pas prise à son service, si jolie, trop jolie, avec ces yeux qui étaient des promesses enivrantes… Certes, elle avait songé au danger, en l’engageant. Mais elle avait souri, au fond, heureuse de la manigance du hasard. Elle fut complice de tout cela. C’était une grande faute pour une mère ; et maintenant Dieu la punissait… Hans ! Hans ! Où était son fils ? Est-ce qu’elle avait perdu son fils ?…

En divaguant ainsi intérieurement, elle avait continué, sous la pluie, à tournoyer, à errer au hasard dans le dédale des rues de Bruges, les venelles tortueuses, les carrefours muets. Après des détours et sans savoir comment, elle était arrivée devant l’église