Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/51

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C’est touchant, le couple d’une mère et d’un fils, sans cesse à deux et qui se suffisent. Ce doit être si bon, même grand, même vieux, de s’entendre appeler « mon enfant ». Elle avait quelquefois énoncé ce beau projet de ne pas se quitter, de toujours vivre ensemble ; et Hans acquiesçait avec joie.

« Parce qu’elle est femme » ; aujourd’hui, voici que ce mot surgissait en menace. Oui, l’amour de la femme était le danger, l’obstacle possible où son cher désir se briserait. Douleur pour les mères de se dire qu’une femme existe déjà, à la minute où elles y songent, qui, du fond de l’éternité, est en marche vers leur fils. Douleur de penser qu’elles n’auront pas été les mieux aimées ; que même elles n’auront pas aimé le plus. C’est l’autre qui sera la mieux aimée ; c’est l’autre qui aimera le plus, puisque son amour se donne !

Mme Cadzand envisagea avec inquiétude ce mystérieux avenir. Encore si ce n’était qu’une seule femme, pure