Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/52

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et bonne, qui vînt partager avec elle la destinée de Hans. Mais elle savait les périls, les chutes où mène la vie éparse et libre des hommes, la tentation des femmes, — toutes les femmes de péché, qui sont les ennemies des mères et font dépérir les visages des mères dans le miroir des cœurs où elles se mirent.

Mme Cadzand tremblait pour son fils qui justement, avec sa nature vibrante, sa sensibilité de fleur de serre, était plus exposé. Heureusement que la religion est un moyen de préservation, de dérivation aussi. La mère de Hans se félicitait qu’on eût, au collège, cultivé sa piété, et d’avoir elle-même par des autels de mois de Marie, des neuvaines, des cires brûlées, des rosaires dits, des pèlerinages, développé cette foi qui sauvegarde par la crainte de l’enfer.

Ainsi il serait prémuni contre toute inconduite et les futurs pièges de la passion.

Est-ce que la piété n’est pas la passion même, mais la passion anoblie,