Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/56

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La vocation ! C’est la grande idée de toute éducation religieuse. Ailleurs il n’y a que la vie où se choisir une carrière. Là il y a la vie et Dieu. Option autrement grave. Dans un cas, il ne s’agit que du bonheur temporel. Dans l’autre, le salut éternel lui-même est en jeu. On comprend l’anxiété des jeunes âmes croyantes, quand les prêtres des collèges, quand les sœurs des couvents disent aux élèves dont les études s’achèvent : « Prenez garde ! ne vous hâtez pas de partir ! attendez ! Dieu vous a peut-être fait un signe que vous n’avez pas vu. Dieu recueille parmi vous ses serviteurs et ses servantes de demain. Il prend sa dîme sur les enfances que nous formons. Prenez garde ! Il y va moins de l’intérêt de Dieu que du vôtre. »

Et c’est vrai. Ceux-là seuls peut-être sont réellement malheureux qui ont manqué leur vocation. Ce mot des bouches religieuses peut s’appliquer aux destinées laïques. La vocation existe même dans leur cas : pour