Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/65

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un pauvre oiseau envolé de son cœur qu’elle appelait, qu’elle voulait rattraper…

Hans n’insista pas ce jour-là, tout remué de la crise, du violent chagrin de sa mère. Il pria le ciel qu’elle fût éclairée, aguerrie. Puis il recommença l’essai : il devait accomplir sa vocation ; rien n’est plus grave et important que de ne pas se tromper sur sa vocation ; or la sienne était nette ; il avait clairement entendu la voix de Dieu. Il se savait appelé. Pouvait-il ne pas répondre à Dieu ?

Cette fois, Mme Cadzand avait réfléchi. Elle répliqua autrement que par des pleurs. Il devait être raisonnable ; ne pas se décider si vite et au hasard. Certes, elle ne contrarierait pas sa vocation ; mais il fallait d’abord s’en assurer ; attendre un peu, faire l’expérience du monde et ne s’en retirer que si on s’y sentait vraiment un intrus.

Il était jeune, trop jeune. Elle ne lui demandait qu’une chose, assez légitime : temporiser, durant une ou deux années, tout au plus jusqu’à sa majo-