Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/64

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après l’autre, — le cadavre de son mari. — qu’elle avait vue une nuit s’interposer entre elle et le berceau. Lui aussi déjà glacé, muet ! Hans ne parlait plus ; il avait dit la volonté de Dieu simplement, fermement, et maintenant Mme Cadzand sentait le froid de quelque chose d’irrémédiable.

— Mais non, Hans ! c’est impossible ! Que deviendrais-je ? Attends au moins que je sois morte.

— Dieu te donnera de la force, mère ; c’est une grande grâce pour nous.

— Non, c’est un grand malheur, Hans ; pour moi, et aussi pour toi. Tu es un enfant ; tu ne sais pas ; tu ne peux pas savoir. Essaie d’abord de vivre. Ah ! que je suis malheureuse !

Mme Cadzand eut de nouveaux sanglots : « Hans ! mon pauvre Hans ! » et elle répéta ce nom avec passion, le mouillant de larmes, ses lèvres le baisant au passage ; et elle marcha à travers la chambre, égarée, hagarde, répétant toujours : « Hans ! Hans ! » comme si c’était déjà un nom perdu,