Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/68

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tout à Marie, mais la Femme-Vierge l’accaparait maintenant plus que ne l’auraient fait toutes les autres.

C’est bien un tel amour avec lequel il n’y aurait plus de partage. C’est de celle-là surtout qu’il fallait se défier. Elle avait fait un signe ; et son fils allait partir, l’abandonner, ne plus jamais revenir, vivre très loin d’elle, comme avec une épouse qui est même jalouse de la mère.

Et dire qu’elle n’avait rien deviné, rien soupçonné, — ah ! cet aveuglement, cette présomption des mères ! — durant toutes les étapes de cette ferveur par laquelle il s’en allait de sa vie : la première communion, les retraites, les mois de Marie, l’admission à la congrégation et dans le troupeau des enfants de chœur !

Ici, à vrai dire, elle avait eu une sorte de pressentiment quand elle frissonna, regimba à l’idée de voir tomber tous ses cheveux, pour qu’il eût la tête rase, selon la règle.

Mais ce n’était rien, cette première mutilation, en comparaison de l’autre,