Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/78

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son veuvage. Aussi l’idée lui était venue que ce serait le remède, le salut, la déviation des projets religieux de Hans, si l’amour de Wilhelmine s’offrait à lui. L’idéal couple ! Un mariage entre eux mettrait fin à toute cette angoisse.

Voilà pourquoi elle venait encore aujourd’hui d’engager son fils à l’accompagner chez son amie. Il avait refusé. Mais il y était déjà allé. Il irait encore. Mme Daneele, de son côté, venait souvent avec Wilhelmine passer l’après-midi dans la vieille demeure de la rue de l’Âne-Aveugle. Il fallait tout espérer du charme de la jeunesse, de la douceur des yeux et des cheveux, de la force des sens dont le fluide opère, de la promesse ingénue des lèvres dont le fruit rouge est toujours pareil à ceux de l’Arbre du Paradis.

Aussi, lorsque les deux mères étaient ensemble, elles pensaient à la même chose, sans se le dire.