Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/90

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tout métamorphosé, avec un duvet de moustache aux lèvres, il lui avait paru, la première fois, un étranger qui ressemblait à son compagnon des jeunes années.

Il était beau, ce Hans ! Quand il la regardait maintenant, elle rougissait. Elle ne savait pas pourquoi. C’était absurde. Pourtant elle rougissait. Quand il n’était pas là, elle désirait le voir, il lui semblait qu’elle avait tant à lui dire ; et quand ils se trouvaient ensemble, elle ne savait plus rien, elle n’osait plus. Il était si instruit, lui ; il avait remporté tous les prix, toutes les couronnes. Maintenant, il deviendrait un savant comme son père, il travaillait à un livre.

— C’est vrai, Hans, que tu vas écrire un livre ?…

Hans répondit oui, sans rien ajouter, parlant peu, comme à une jeune sœur qui babille, qu’on écoute en pensant à autre chose…

Wilhelmine causa, causa comme si l’ombre, s’aggravant, l’enhardissait. Elle n’avait plus peur. Elle ne rougis-