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Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/133

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Y a-t-il là une simple affabulation de roman ? Est-ce uniquement pour se documenter que M. Huysmans, depuis ces dernières années, à la surprise de ceux qui le connaissaient, devint peu à peu l’assidu des messes, des saluts, pélerina de Saint-Sulpice et de Saint-Séverin aux chapelles privées et singulières de Paris, celle, par exemple, si curieuse, des Bénédictines du Saint-Sacrement, rue de Monsieur, où il alla lotionner ses yeux las à la fraîcheur des cantiques, se désaltérer à l’orgue, aux affluents débiles que sont les voix des nonnes chantant au jubé, tandis que le fleuve de l’orgue déferle…

Nous savions aussi qu’il s’était instruit dans toute la Mystique, familier avec sainte Thérèse, Catherine de Gênes, Emmerich, Ruysbroeck l’Admirable.

Enfin, n’alla-t-il pas lui-même s’interner un moment dans le silence d’un cloître champêtre de la Trappe ? Ce Durtal qu’il nous y montre, en proie à Dieu, est-ce lui-même et subit-il de son côté la crise de foi qu’il nous décrit ? S’agit-il d’une autobiographie, et fait-il allusion à son cas quand il s’écrie : « Je suis allé à l’hôpital des âmes, à l’Église ? » On pourrait le croire, tant l’analyse est aiguë, minutieuse, d’autant plus que souvent, au lieu d’objectiver, de créer des personnages fictifs, M. Huysmans, dans ses romans, en revient toujours à lui-même, et que