au seuil de son sacre sans avoir vu tomber les échafaudages de ses tours. Aujourd’hui, cette œuvre commence à apparaître comme une cathédrale catholique qu’elle est vraiment.
Voilà ce que n’ont pas soupçonné les écrivains qui s’en sont occupés jusqu’ici : ni M. Brunetière ; ni M. Huysmans en ses pages colorées ; ni M. Paul Bourget, qui déclare Baudelaire un pessimiste, qu’il ne fut qu’improprement, et un mystique qu’il ne fut pas du tout ; ni même Théophile Gautier dans sa préface d’un style si merveilleux, sensuel, odorant, niellé, un style complexe comme une chimie, riche et faisandé comme une venaison, mais qui n’a dégagé que les aspects plastiques, pour ainsi dire externes de l’œuvre. Gautier était trop un artiste en couleurs et en décors, trop un païen, pour chercher le mystère intérieur du poème, son ressort philosophique et religieux.
Il est vrai que n’avait point paru encore l’ouvrage posthume de M. Crepet, contenant entre autres deux fragments inédits d’une sorte de confession, de journal intime : Mon cœur mis à nu et Fusées, qui nous permettent maintenant d’aller jusqu’à l’âme du poète, d’élucider toute son âme.
Baudelaire surgit dès lors un peu différent de ce qu’on l’a vu d’ordinaire. Il apparaît ce qu’il est essentiellement : un poète catholique.