Et ainsi l’écrivain lui-même aura vécu dans cette « cité des livres », où il nous a peint une des plus originales figures de ses romans, ce Sylvestre Bonnard auquel il ressembla davantage encore, quand lui aussi fut « membre de l’Institut », comme il eut soin de l’ajouter, même dans le titre, à la désignation de son personnage. Mais gageons que si M. Anatole France y a tenu, c’est encore à cause du quai Voltaire — et pour tout lui devoir !
Donc M. France, sans être normalien, est instruit de tout, parce qu’il fut curieux de tout. Il a un fonds classique solide. Nul n’est plus helléniste, latiniste, romaniste. Brusquement il intercale dans une conversation des passages compacts d’Homère ou de Sophocle qu’il récite de mémoire avec enthousiasme.
Mais la connaissance de toute l’histoire, humaine, littéraire, et même de toutes les anecdotes, y compris et surtout celles de l’Église, ne suffit pas à faire de beaux livres. Le mathématicien Mélanthe l’a dit : « Je ne pourrais pas sans l’aide de Vénus démontrer les propriétés d’un triangle. » M. France n’a pas négligé l’aide de Vénus qu’on sent partout présente et agissante dans ses œuvres. En celles-ci flotte sans