importerait, c’est d’être un héros, ou un saint, pour soi-même », parole de définitif renoncement, de pessimisme doux comme celui de l’Écclésiaste, qui implique la nostalgie et l’ambition du ciel. Il croit au ciel, en effet, au ciel pur et simple des fidèles, au naïf paradis de la ballade de Villon, « où sont harpes et luths », comme il le proclame dans la Bénédiction qui ouvre les Fleurs du mal. Il croit aussi à l’enfer, aux flammes réelles, au dam, aux brûlures éternelles ; et, s’il en voulait tant à George Sand, c’est parce qu’elle avait nié l’existence de l’enfer.
Baudelaire croit au dogme intégral de l’Église, non seulement quant aux vérités de l’éternité, mais aussi quant aux vérités du temps. En même temps qu’il confesse ses mystères, il accepte ses doctrines politiques, ses attitudes sociales, son intransigeance vis-à-vis des revendications de la liberté et de la libre-pensée.
Lui aussi estime sans doute que la vérité est une et que l’erreur n’a pas de droits : que la tolérance est une faiblesse, si pas un renoncement. Dès lors, le crucifix ne doit plus être un arbre de paix, mais une arme de menace et de châtiment. Il répudie la théorie du pardon des offenses, de l’oubli des injures, de l’abdication des valeurs devant la masse sous prétexte d’égalité, toute cette religion humanitaire et molle qui