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Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/204

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Et surtout en ces contrées d’Extrême-Orient ! C’est ce qu’ont si bien compris les artistes japonais, à la fois réalistes et fantastiques : le rêve juxtaposé au réel, le chimérique côtoyant la vie et la prolongeant.

M. Pierre Loti n’a vu que les choses formelles et dans leur réalité tangible. N’importe ! il les a bien vues et les suggère avec couleur. Cela suffit pour le mérite de ses ouvrages, plus que les histoires qu’il conte, et son narcissisme à se mettre en scène dans des idylles douteuses, de petits collages polynésiens et japonais qui ne sont qu’un recommencement de Graziella.

— Je ne comprends pas le ciel même sans toi, disait la pêcheuse de Procida à Lamartine.

— J’ai peur que ce ne soit pas le même dieu qui nous ait créés, dit Rarahu à ce mélancolique Loti, qu’elle a elle-même nommé de ce doux nom d’une fleur de son pays.

Mais la notation dans ce sens est unique, et nulle part ailleurs l’écrivain n’indique les âmes distantes, quand les corps sont proches, cette psychologie qui aurait été si curieuse de l’amour entre deux races, ces pensées parallèles dont aucune n’est soluble dans l’autre, ces amours tristes comme le mariage d’un aveugle avec une muette.

Il y avait là toute une série de subtilités qu’un amant eût perçues. Mais, malgré ses confidences