Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/225

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prendre le titre et les insignes ? « J’ai laissé cela dans ma malle », disait-il à son retour de Rome.

Ce n’est que plus tard qu’il porta le titre de monseigneur et, sur sa soutane, les ornements violets, quasi-épiscopaux, quand, dénoncé pour sa première leçon de philosophie à l’Institut, il se disculpa au point d’obtenir du Pape une nouvelle prélature, plus élevée.

C’est l’unique fois peut-être qu’il prit garde à la malveillance.

Que pouvaient contre son détachement telles attaques, par exemple, de l’Univers, acharné après lui, durant vingt ans ? Taxés de fanatisme par les uns, d’orthodoxie suspecte par les autres, c’est le lot de ces hommes-là, hermétiques et peu conformes, d’être incompris de la plupart. Mais qu’importe ? ils ne tiennent même pas à la vie. Pendant la guerre, Mgr d’Hulst affronta mille morts, comme aumônier des Ambulances de la Presse, à Bazeilles, à Sedan où il fut fait prisonnier, puis — évadé et revenu à Paris pour le siège — à Champigny, où il assista les mourants sous des pluies de balles.

Si vraiment dépris de toutes choses terrestres et voyant déjà si loin à la dérive sur les eaux rapides de la vie ses premières ambitions, qu’il était sincère à coup sûr en disant à voix mélancolique : « J’ai cent cinquante ans ! »