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mort, — car le poète est croyant, et la mort ouvre sur le ciel, « ce lieu, dit-il, de toutes les transfigurations », le ciel où, dès le premier poème de son livre, il entrevoyait le trône réservé au poète :

Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes légions.

Voilà pourquoi le dernier poème des Fleurs du mal doit se clore, en toute logique, sur ce cri qui sonne enfin la délivrance :

Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !

Comme on le voit, toute cette œuvre de Baudelaire est construite avec la logique, l’harmonie, les proportions, la hiérarchie de l’architecture, car on peut dire surtout de lui qu’il fut un cérébral, un génie de volonté.

La plupart s’étonneront de cet accouplement de mots, imaginant le génie plutôt inné, inconscient, un don, un jaillissement inlassable, une puissance verbale allant jusqu’à être comme le vent, la mer, le feu, faisant de l’homme une sorte d’élément.

Soit ! mais, même dans cette hypothèse,