n’est-ce pas un élément aussi, la poudre toute réduite qui pourrait faire explosion, avoir la puissance d’un cyclone ? N’est-ce pas un élément, la fiole d’essence prestigieuse dont les gouttes sobres sont distillées avec les fleurs de toutes les latitudes ? Baudelaire fut, en poésie, le chimiste de l’Infini, et, dans les cornues de ses vers, tout l’univers aussi se condense, aboutit.
Il est donc un homme de génie, pour qui démêle le sens symbolique de ses livres. Mais bien peu, aujourd’hui encore, peuvent oser un tel avis. Que dire de l’opinion qu’il suscita de son vivant et de l’accueil fait à son œuvre ? Succès d’étrangeté, presque de scandale. « Des essais », comme déclara la Revue des Deux-Mondes dans une note restrictive, quand elle publia quelques fragments en primeur.
En vain Baudelaire aurait-il voulu s’imposer, expliquer. « Il est inutile d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit », disait-il avec découragement, convaincu de la bêtise du monde, la bêtise au front de taureau.
Or c’est précisément le mépris de l’humanité qui le mena à ce goût de la mystification, un peu puéril, au fond, et dont on lui fait tant grief, mais qui s’explique dans son cas, et par lequel il se vengeait d’aller incompris et seul dans la vie. Il faut dire, à sa décharge, que presque tous les écrivains de sa génération eurent, comme lui,