Aller au contenu

Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On pourrait dire la même chose de Verlaine.

Certes il avait la connaissance des péchés — et même de tous les péchés ; mais avec de la candeur quand même et de la naïveté surtout. Il pécha mais comme un enfant vicieux précocement.

Il y a ainsi des hommes à qui la vie n’apprend rien, qui vieillissent sans avoir mûri, des cœurs qui restent verts à l’arbre de la vie. Et ne dirait-on pas de ce poète aux mystiques élans, alternés de fautes avouées, qu’il a toujours une âme d’adolescent, l’âme d’un collégien, un peu pervers et pâle, dans une institution de prêtres, entraîné à des fautes par ennui et habitude, mais soudain effrayé des damnations, implorant Dieu et la Vierge. Sa poésie, mystique et charnelle, mêle des prières, le langage emmiellé des Livres d’Heures avec des aveux du sixième et du neuvième commandement. C’est comme une confession de premier communiant !

À la fois, le délice des péchés nouvellement révélés et la peur des Enfers décrits et possibles !

Après les alcôves coupables, les pensées mauvaises, les mains fautives, voilà dès l’aube venue, l’autel et le lys, entre les cierges, et les lingeries du culte, et la dentelle en printemps de givre sur la Table des Hosties !

L’âme de Verlaine eut toujours l’âge de ces