Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/116

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manente. Ainsi l’idée du suicide, qui provoque de même, et ne fait plus grâce.

Joos voulut s’exorciser encore, oublier, mais par d’autres moyens. Or, chaque fois qu’il se mettait à boire, le pendu, — il le connaissait bien maintenant, avec sa barbe de feu, son visage de neige — venait s’asseoir à côté de lui, le tourmentait : « Ce sera long jusqu’à ce que tu sois tout à fait ivre. Mon moyen vaut bien mieux pour oublier. » Et le pendu lui tirait la langue, secouait le banc de l’auberge d’où il tombait à la renverse et se bossuait la tête. Souvent il le menaçait : « Si tu ne m’obéis pas, je reviendrai jour et nuit ; je te rendrai fou ; je t’arracherai de ton lit ; j’étirerai tes draps en un câble