Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/158

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ciles. C’était comme de la douceur sur de la force. Un printemps d’hiver, eût-on dit, qui mettait sur la vieillesse de l’arbre la floraison des flocons.

Le tronc gardait sa patine de bronze. Même dans les ornières des lettres gravées, aucune gelée n’avait insinué des galons. Les noms des amants nouveaux régnaient, récents et vainqueurs sur les anciens noms effacés. Chacun y retrouva un peu de soi. Personne n’osa donner un coup de hache dans le vieux tronc plein d’amour et qui éternisait toutes les fiançailles de l’île. Le frapper, ç’aurait été comme se frapper soi-même au cœur. Mais l’arbre aussi avait failli. Arbre des soirs d’Éden, Arbre du Bien qui était devenu