Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/159

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l’Arbre du Mal. Arbre d’Amour qui était devenu l’Arbre de Mort. Il allait maintenant vouloir des pendus, comme naguère des amants. Lui aussi était indigne.

Soudain l’arbre fut rouge. Des torches incendiaires l’avaient atteint. Les flammes une à une procédèrent. Ce fut aussi comme une dégradation de l’arbre. L’une fit fondre aussitôt toutes les ganses de neige, les tulles, l’argent vif de la gelée au long des branches. La ferronnerie des hauts rameaux céda. Mais le tronc résista comme une tour de fer où le feu ne pourrait pas mordre. Les flammes s’éteignirent, sous les souffles d’un grand vent glacé. L’arbre survécut et n’en fut que dénudé ; il s’obstina, noir, sur le ciel. Tous pensè-