Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/24

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— Que ta main gauche soit sous ma tête, disait Neele, et que ta droite caresse mon visage.

Joos répliqua : — Tu es toute belle, ma grande amie ! Tes dents sont comme les poissons, écaillés d’argent, qui se montrent et se cachent dans le canal. Tes lèvres sont rouges comme les tuiles de nos toits. Tes cheveux sont blonds comme le chaume qui recouvre nos métairies. Tes bras sont les ailes d’un moulin, et ils amusent le vent.

Neele écoutait, ravie, et si troublée aussi, dans une divine émotion qui semblait arrêter son cœur, retirer le sang de sa figure.

— Neele, qu’as-tu ? tu es pâle, interrogea Joos, un peu inquiet.

— Si je suis pâle, c’est que la lune m’a regardée.