Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/42

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renchérir sur ce qu’il venait de dire, déclara à son tour : « Certes, nous risquons de tout y perdre. Avec le chemin de fer, on mettra notre île à la mode. Des touristes arriveront. Et nous deviendrons comme eux. C’est même un miracle que nous ayons échappé jusqu’ici… »

Tyteca observa : « C’est grâce à la mer. Quelques îles seules sont restées originales. La mer les défend, les isole. On dit que le sel conserve. Le sel de la mer, infiltré dans nos dunes et nos rivages, nous a conservés. Maintenant, avec ce chemin de fer qu’on construit, et cette jetée nous reliant au continent, nous ne serons plus isolés, ni par conséquent conservés. Et nous deviendrons pareils aux autres. »