Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/54

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alla prendre, dans la boîte, son violon. Ah ! comme il lui parut triste, son violon, dans la boîte oblongue comme un petit cercueil ; son violon qui avait tant de fois joué les vieilles rondes de l’île, accompagnement mélodieux des aïeules aux danses et aux patinages d’autrefois. Le violon se les remémorait, gardait intacts les antiques airs. Tyteca donna la partition voulue à l’organiste, déjà installé devant le clavecin ; et ils jouèrent, dans le soir tombé, les musiques du passé, comme si c’était assez pour abolir le présent, — et sauver l’île !