Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/53

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Il y eut un silence. Chacun suivait des pensées graves et tristes. Surtout que le crépuscule entra par les fenêtres, dédora les cuivres, tendit d’un crêpe noir les miroirs, se posa en tons livides sur les porcelaines du buffet, la mosaïque blanc et bleu. L’écran de fumée des fenêtres devint un écran de deuil. Le pasteur ne songea même pas à faire allumer les lampes. Un grand assombrissement entrait en eux et sortait d’eux. Rencontre du soir et de leur désespoir.

— Nous devrions lutter, résister, interrompit Hans.

Le pasteur s’était levé. Il semblait avoir pris une décision brusque, vouloir faire une diversion à tout prix, se changer les idées, oublier la triste réalité. Il