Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/91

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devant l’insolite bouleversement de Neele. Depuis, il sentait toujours le fantôme pendre à travers son amour, ainsi qu’à travers le grand chêne… Et il se répéta comme une obsession : « Le mort doit dormir si tranquille ! »

On avait raconté dans le pays que l’étranger s’était suicidé pour un chagrin d’amour. Une femme l’avait trahi, délaissé, après l’avoir accompagné jusqu’ici. Ah ! les cœurs fantasques des femmes ! Joos songeait à Neele. Le mort lui devint moins ennemi. C’était l’étranger, mais c’était le frère en destinée et en douleur. Il s’intéressa à lui, à sa vie, aux circonstances, au chemin de manigances qui l’avait conduit jusqu’au chêne des Trois-Chemins pour y mourir. Il chercha à