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LÉOPOLD I


 

Oui ! je viens de leur part vers vous, nobles héros !
Vous triomphez enfin ! car la moisson s’est faite ;
Les glaives sont déjà rouillés dans leurs fourreaux
Et dans tous les foyers tous les cœurs sont en fête.

Aussi vous garde-t-on un touchant souvenir,
Et vos gloires y sont à tel point surveillées
Que pour léguer vos noms fameux à l’avenir,
On les dit aux enfants, le soir, dans les veillées.

Je vous ai vu revivre et surgir dans l’airain,
J’ai vu la foule ardente acclamer vos statues,
Remplaçant sous le ciel pacifique et serein
Celles des oppresseurs qu’elle avait abattues.

Car le pays souffrit des malheurs non moins grands
Quand il tomba plus tard sous le joug de l’Espagne ;
Qu’importent au forçat des geôliers différents,
S’il conserve ses fers et reste au même bagne.