Page:Rodenbach - La Belgique, 1880.djvu/17

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Alors sous les éclairs d’un règne qui finit,
Le Congrès nous donna, comme un nouveau Moïse,
Les Tables de la loi, ces tables de granit,
Qui devaient nous régir dans la Terre-Promise.

Cette charte est pour nous presque un second soleil,
Fécondant comme lui la contrée où nous sommes,
Et tous deux font mûrir, sous leur rayon vermeil,
La moisson des épis et la moisson des hommes.

Que ne pouvez-vous voir tout ce peuple content
Sous notre ciel du Nord mélancolique et terne,
Et ces grandes cités créant et s’agitant
En pleine vie active, en plein progrès moderne :

Là Bruxelles, vers qui se tournent tous les yeux,
Fière sous ses bijoux et sa fine dentelle,
Qui montre avec orgueil ses boulevards joyeux
Et ses palais sculptés, dignes de Praxitèle.

Plus loin Anvers, debout sur ses nouveaux remparts,
Qui dans le ciel de l’art contemple ses étoiles ;
Les vaisseaux de son port, venus de toutes parts,
À tous les vents du monde ont fatigué leurs voiles.