Page:Rodenbach - La Jeunesse blanche, 1913.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE BERCEAU


 
Ma mère, elle a voulu garder, la sainte femme,
Mon massif berceau d’autrefois ;
Il rêve dans un coin aux jours d’épithalame
Où moi, l’enfant nouveau, j’avais une jeune âme
Et la mère une jeune voix.

Mais la voix s’est usée et plus jamais ne chante
Puisque les enfants sont grandis ;
Et moi, je m’use aussi dans la foule méchante
Et le berceau lui-même est en deuil, lui qui hante
L’âme de ceux qui sont partis !