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CHOSES DE L’ENFANCE


Car il sait comme nous que les pauvres sœurs frêles
Gisent mortes, dans leurs caveaux,
Lui qui les aimait tant et qui comptait sur elles
Pour voir, un soir d’été, comme des tourterelles,
Lui venir des enfants nouveaux.

Puisqu’il en est ainsi, quoique seul et morose,
Moi je t’honore, mon berceau !
Et le temps ressuscite où dans la chambre close
Tu dormais près du lit tel qu’une barque rose
Qu’on amarre auprès d’un vaisseau.

Et j’évoque en pleurant la musique éphémère
De celle qui venait s’asseoir
Et chanter, en suivant le vol de sa chimère,
Si doucement que c’est par sa chanson de mère
Que j’appris à parler, le soir !