Page:Rodenbach - La Jeunesse blanche, 1913.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
CLOCHES.

Et qui s’en vont en cette fin d’un long dimanche
Finir parmi le Lune ouvrant sa tombe blanche.


II



Certains matins pascals, quand le ciel est d’azur,
— Ô cet azur d’avril qui n’est pas encore sûr ! ―
Les cloches font songer à des Communiantes
Dans des robes de mousseline anémiantes,
Dont la blancheur bouffante alanguirait le pas ;
Cloches de pureté qui s’éloignent, là-bas,
Infantes de Jésus qui lui sont fiancées,
Cloches en des ampleurs de jupes balancées
Dont on suit dans le vent le rythmique départ
Au delà de la vie, à travers le brouillard
Qui se déroule en beaux linges de Sainte Table
Et voici qu’on croirait dans l’aube délectable,
Dont la mysticité s’apparie à la leur,
Les voix s’agglomérer en robes de pâleur,
O cloches cheminant, si douces et câlines
Qu’elles semblent vraiment faites de mousselines !


1892