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COMMUNIANTES


 
Dans l’aube adolescente aux frissons indécis
Où le soleil d’avril s’épand comme un glacis,
On les voit s’avancer, Communiantes pâles,
Cachant leurs bras frileux aux plis tièdes des châles ;
On les voit s’avancer, et leur voile tremblant,
Devant leurs yeux de vierge, a tout teinté de blanc.
Et celles de la rue et celles des carrosses
Vont riant au soleil dans des blancheurs de noces
Et le blanc des souliers comme le blanc des bas
Semble se fondre en neige à chacun de leurs pas !
La mousseline frêle au lointain s’évapore
En brouillards cheminant dans le bleu de l’aurore,
Et leurs robes de tulle aux plis multipliés
Évoquent des oiseaux dont les vols repliés
Les feraient doucement glisser sur une eau morte,
Ou des Vierges d’anciens monastères qu’on porte