Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

livre ? un verset du poème. Celui-ci n’est qu’un fragment de votre œuvre rêvée, et vous n’y avez failli à aucun de ces préceptes poétiques qui, n’étant formulés nulle part, n’en commandent pas moins souverainement aux poètes.


Ce que vous avez voulu, vous l’avez fait, et d’une manière charmante. Le succès vous viendra, vous donnera une conscience nouvelle de vos forces. Usez-en pour un projet plus haut. Passez de la vie élégante, avec laquelle vous nous charmez, à une vie plus naturelle, plus abondante, qui nous entraînera.


Ils sont dessinés à ravir vos oisifs, mais que j’aime bien mieux, comme Alceste la chanson populaire, votre simple Baigneuse flamande, en écartant toutefois le mot « sale » que vous accordez peut-être à la mode, mais qui n’est pas même naturel, car elles sont nettes comme des galets, les filles des plages :

…n’ayant qu’un grossier costume de flanelle
Étant sale et vulgaire, ayant bras et pieds nus,
Elle donne pourtant des frissons inconnus
À tous ceux qui la voient s’agiter sur la plage.
C’est qu’elle a la beauté de la forme et de l’âge !


À la bonne heure, la voilà, la poésie, la beauté dans la nature, dans la jeunesse, même sous la vulgarité. Voilà la muse capable d’enfanter et