Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/25

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temps et l’espace, à des hauteurs où il ne respire plus. Vivons, essayons-le du moins, dans notre sphère normale. Chantez, travaillez, pour la gloire de votre pays et pour la vôtre. C’est une des belles chimères que la gloire.


Dites, n’avons-nous pas été enchantés de trouver en venant au monde, dans ce monde où existent, il est vrai, tant de vilaines choses, les beaux livres des anciens et des modernes ? N’est-ce point une joie réelle, positive de notre vie, d’avoir trouvé les grands poètes sur les rayons des bibliothèques ? Le monde, la réalité, c’est eux aussi ! la réalité ! mais la Vénus de Milo en est ! le rêve fait parole dans une scène de Roméo et Juliette en est aussi ! L’Évangile en est encore ! la réalité, les grandes œuvres idéalistes en font partie, l’accroissent et l’embellissent ! — Quelle envie cela n’inspire-t-il pas !… Oh ! laisser parmi ces livres une page où des hommes futurs puiseront une heure de joie après les heures du travail et de la peine ! Souhaitons-nous cela l’un à l’autre. Travaillons-y. « C’est le fond qui manque le moins, » pour finir par un vers de Jean La Fontaine, le maître en naturel.

Jean Aicard.




Jacques-Laurier, Juin 1881.