Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


C’est sa côte étalant dans les brumes dormantes
Tant de hameaux coquets et de villes charmantes,
Fraîches oasis de la mer,
Ostende, Blankenberghe, Heyst, Nieuport et La Panne
Où tous mes souvenirs s’en vont en caravane
Pendant les tristes mois d’hiver !

C’est devant cette mer où se mire un ciel terne
Que je peindrai la vie élégante et moderne
S’étalant au seuil des villas
Où les femmes debout sous les dômes de verre
Montrent leurs blancs profils, comme au fond d’une serre
De très pâles camélias.

Tout ce monde pimpant, poudré, rieur, prodigue,
Le matin sur la plage et le soir sur la digue
Viendra s’ébattre au bord de l’eau ;
Il papillonnera, ce monde tout en joie
Drapé dans le satin, la dentelle et la soie
Comme des bergers de Watteau.