Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/101

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V

En ces villes qu’attriste un chœur de girouettes,
Oiseaux de fer rêvant de fuir au haut des airs,
En des villes sans joie aux carrefours déserts
Où de rares passants, en grises silhouettes,
Se meuvent, balançant leur marche comme un glas,
On sent un froid silence uniforme qui plane ;
Si despotique, encor qu’il soit débile et las,
Qu’en lui tout cri se tait, que toute voix se fane,
Que même un bruit de pas déconcerte d’abord,
Que la moindre rumeur infinitésimale
Cause un trouble, paraît une chose anormale
Comme de rire auprès d’un malade qui dort.