Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/129

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II

Le dimanche est toujours tel que dans notre enfance :
Un jour vide, un jour triste, un jour pâle, un jour nu ;
Un jour long comme un jour de jeûne et d’abstinence
Où l’on s’ennuie ; où l’on se semble revenu
D’un beau voyage en un pays de gaîté verte,
Encore dérouté dans sa maison rouverte
Et se cherchant de chambre en chambre tout le jour…
Or le dimanche est ce premier jour de retour !
Un jour où le silence, en neige immense, tombe ;
Un jour comme anémique, un jour comme orphelin
Ayant l’air d’une plaine avec un seul moulin
Géométriquement en croix comme une tombe.