Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/136

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L’orgue encor recommence à hisser ses velours
Qui s’éployent à grands plis sonores dans l’abside ;
Puis un autre motet frêlement se décide
Et s’entr’aperçoit vague entre les piliers lourds.
Oh ! Si vague, on dirait un cierge qui s’allume ;
Ce n’est pas un oiseau ; c’est à peine une plume
Qui vacille dans le vent doux des encensoirs…
Et l’orgue de nouveau hisse ses velours noirs.
Or en les entendant, ces voix insexuelles,
On songe aux vieux tableaux, on songe aux chérubins
Qu’en des assomptions les primitifs ont peints,
Des chérubins n’ayant qu’une tête et des ailes,
Enfants-fleurs d’un jardin quasi-religieux,
Envolement de lis devenant des colombes…
Ah ! Ces chants d’innocence, et si contagieux !
Linges frais par-dessus la fièvre de nos lombes…