Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/202

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Sur les tableaux pendus aux murs, dans la mémoire
Où sont les souvenirs en leurs cadres déteints,
Paysages de l’âme et paysages peints,
On croit sentir tomber comme une neige noire.
Douceur du soir ! Douceur qui fait qu’on s’habitue
À la sourdine, aux sons de viole assoupis ;
L’amant entend songer l’amante qui s’est tue
Et leurs yeux sont ensemble aux dessins du tapis.
Et langoureusement la clarté se retire ;
Douceur ! Ne plus se voir distincts ! N’être plus qu’un !
Silence ! Deux senteurs en un même parfum :
Penser la même chose et ne pas se le dire.