Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/211

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Gardaient sur eux de la poussière en flocons noirs
Qui parmi l’autrefois des étoffes fanées
Mélancoliquement, depuis tant de longs soirs,
Avaient neigé du lent sablier des années !
Chambre étrange : on eût dit qu’elle avait un secret
D’une chose très stricte et dont elle était lasse
D’avoir vu le mystère en fuite dans la glace !…
Car notre amour faisait du mal à son regret.

Et même lorsque avec des mains presque dévotes
Tu vins frôler le vieux clavecin endormi,
Ce fut un chant si pâle et si dolent parmi
La solitude offerte au réveil des gavottes
Que tu tremblas comme au contact d’un clavier mort.
Et muets, nous sentions, dans cette chambre étrange
Avec qui notre joie était en désaccord,
L’hostilité d’un grand silence qu’on dérange !