Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/223

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XIII

Dans l’étang d’un grand cœur quand la douleur s’épanche
Comme du soir, et met un tain d’ombre et de nuit
Sous la surface en fleur de cette eau longtemps blanche
Qui, durant le soleil et le bonheur enfui,
N’avait rien reflété que le songe des rives,
Alors l’étang du cœur se colore soudain
D’un mirage agrandi dans le noir des eaux vives
Arbres longs et mouillés d’un nocturne jardin,
Maisons se décalquant, étoiles délayées.
Tout se précise et se nuance maintenant
Dans ces routes de l’eau que le soir a frayées.
Et la douleur qui fait de l’âme un lac stagnant