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Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/27

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11
LA VIE DES CHAMBRES.


V


Le miroir est l’amour, l’âme-sœur de la chambre
Où tout d’elle : le lustre en fleur, les bahuts vieux,
La statuette au dos de bronze qui se cambre,
Se réfléchit en un hymen silencieux.
Car l’amour n’est-ce pas n’être plus seul et n’est-ce
Pas se doubler par un autre meilleur que soi ?
Or la chambre se double au fond du miroir coi
Avec un renouveau de songe et de jeunesse ;
Mais les Choses pourtant entre le cadre d’or
Ont un air de souffrir de leur vie inactive ;
Le miroir qui les aime a borné leur essor
En un recul de vie exiguë et captive ;