Aller au contenu

Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
LA VIE DES CHAMBRES.


IX


Chaque rêve, les soirs de rêve, qu’on formule
A l’air de s’évader de nous languissamment
Et de traîner par la chambre comme une bulle
Portant la part d’azur au fond de nous dormant ;
Globes fragiles, or et bleu, boules de verre
Où tout le luxe clair de la chambre est miré.
L’une suit l’autre ; l’une est vacillante, elle erre
Avec une lenteur de flocon expiré ;
D’autres rôdent d’un air perdu de somnambules,
Ayant peur des rideaux, ayant peur du plafond,
Car, se heurter un peu, c’est la mort… elles vont !
La chambre fait silence et jongle avec ces bulles.