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Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/53

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37
LA VIE DES CHAMBRES.


XVII


Les chambres, dans le soir, meurent réellement :
Les persiennes sont des paupières se fermant
Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ;
Chaque fauteuil est un prêtre qui s’agenouille
Pour l’entrée en surplis d’une Extrême-Onction ;
La pendule dévide avec monotonie
Les instants brefs de son rosaire d’agonie ;
Et la glace encore claire offre une Assomption
Où l’on devine, au fond de l’ombre, un envol d’âme
Quotidienne détresse ! Âme blanche du jour
Qui nous quitte et nous laisse orphelins de sa flamme !