Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/75

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En se donnant chacun leur parole loyale
Les soirs où, pour briller dans leur nuit nuptiale,
Les astres allumaient leurs veilleuses de feu.

Chose étrange ! L’enfant, dans l’amour légitime,
Rend plus étroite et plus touchante et plus intime
L’union des parents qui tout seuls s’ennuîraient ;
Et ses petites mains frêles, s’ouvrant à peine,
Ont la force pourtant de resserrer la chaîne
Que sans lui l’inconstance et le temps briseraient.

Au lieu que par un sombre et désolant contraste
L’enfant divise, aigrit, sépare et rend néfaste
Le fatal dénoûment de l’amour criminel.
La pauvre Marthe, hélas ! dut quitter son service,
Et l’inconnu, content d’avoir repu son vice,
Abandonna la mère, ô Don Juan éternel !…


III

Marthe se trouva seule, isolée et réduite
A porter le fardeau de la fille séduite ;
Sa cousine était morte à la fin de l’été.