Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/112

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IV

La maladie est si doucement isolante :
Lent repos d’un bateau qui songe au fil d’une eau,
Sans nulle brise, et nul courant qui violente,
Attaché sur le bord par la chaîne et l’anneau.
Avant ce calme octobre, il ne s’appartenait guère :
Toujours du bruit, des violons, des passagers,
Et ses rames brouillant les canaux imagés.
Maintenant il est seul ; et doucement s’éclaire
D’un mirage de ciel qui n’est plus partiel ;
Il se ceint de reflets puisqu’il est immobile ;
Il est libre vraiment puisqu’il est inutile ;
Et, délivré du monde, il s’encadre de ciel.