Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/122

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VIII

Charme étrange des teints où la chlorose neige !
Visages vraiment trop pâles pour être heureux,
Qui font un peu rêver à des lis dans un piège,
Tout blêmes, sauf leurs yeux spacieux et fiévreux
Brûlant de l’air dont s’inaugure une bougie.
Ô vierges ! Leur croissance est un triomphe ardu ;
Elles parlent ; et c’est, il semble, une élégie,
Un frileux bêlement d’agneau qu’on a tondu ;
Car leur voix est de la couleur de leur figure.
Quelque chose de doux pourtant les transfigure ;
Pâles comme la lune, elles ont son halo !
Parfois, quand elles vont se voir dans une glace,