Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/143

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XVI

Comme te voilà loin de celui que tu fus
Ô malade, déjà si lointain, si confus,
Méconnaissable, et si différent de toi-même !
La lune ainsi se voit reculée et plus blême
Toute changée et délayée en son halo
Quand elle se confronte avec elle dans l’eau.

De même, étant malade, on se ressemble à peine ;
On n’a plus son visage, ah ! comme on est changé !
On est le mouton nu qui pleure après sa laine ;
On se trouve soudain plus sage et plus âgé ;
On se cherche, on se perd, en molle souvenance ;
Soi-même on se revoit tel qu’après une absence ;