Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/149

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D’où viennent tout à coup ces impressions fraîches
Qui se fondent et qui se propagent jusqu’où ?
Est-ce du lustre ? Est-ce du verre des bobèches
Dont on sent, dans sa bouche en feu, le givre entré ?
Est-ce de la cornette au beau linge lustré
Dont la Sœur qui nous veille a fait palpiter l’aile ?
Ou bien est-ce le vent ? Ou bien encor pleut-il
Et c’est-il de la pluie en écheveau subtil
Qui soudain au rouet de notre âme s’emmêle ?

Convalescence ! Doux mélange : pluie et soir,
Linges, cristal, et vendanges de raisin noir !
Tout ce qui rafraîchit, tout ce qui désaltère ;
Convalescence si printanière… Elle aère
Comme une brise ; elle refroidit comme une eau ;
On dirait qu’elle se répand parmi les chambres
Et sur le lit, si frais qu’il en semble nouveau ;
On s’y déplie ; on y dorlote tous ses membres ;
C’est fini maintenant, la fièvre et ses charbons !
Les draps sont ventilés ; ils ont des frimas bons ;
Unanime fraîcheur de toute cette toile ;
Si fraîche que c’est comme un bain dans une étoile !
Délice