Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/152

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l’oiseau qui s’aventure après la pluie ;
On est le verger blanc dans le réveil d’avril ;
Pourtant on craint la grêle, un retour du péril :
La maladie est-elle loin et bien enfuie ?

Comme on en tremble encore ! Et quels pas calculés
Par crainte d’être faible et de quelque rechute !
Pouvoir marcher jusqu’à ces arbres reculés !
Espoir et peur, ombre et soleil sur la minute…

Heure trouble ! Émoi d’un logis longtemps fermé
Où chavire dans le miroir l’aube venue ;
On se sent seul, épars et désaccoutumé
De la vie, au lointain, qui toujours continue.

On est le pénitent sorti d’une neuvaine
Et dépris de la vie à cause de l’encens ;
Ah ! que la vie est loin ! Ah ! que la vie est vaine !
Où vont-ils donc, tous ces passants, tous ces passants ?